Automne de Castellucci à Paris
Je
crois que cet automne à Paris il aura été difficile de ne pas
entendre ne serais-ce que le nom de cet artiste : Romeo Castellucci,
qui ne s'adresse pas vraiment à tout public. Je peux compter au
moins quatre spectacles dont un opéra passés dans de grandes salles
parisiennes, ainsi que quelques conférences données aux Beaux-Arts
de Paris et à la Sorbonne.
Il
est alors tellement difficile d'en parler, quand le monde
universitaire, académique et artistique consacre des journées
entières pour analyser ses œuvres, alors que – mon Dieu
– cet artiste est encore vivant!
J'ai
personnellement eu l'occasion d’assister à deux des spectacles à
Paris cet automne : Odipus
der Tyrann et Le
Metope del Partenone,
deux créations de l’année 2015.
La
première, Odipus
der Tyrann,
en allemand surtitré en français,
a été représentée au Théâtre de la Ville en novembre, il s'agit
du texte de Friedrich Holderlin d’après l'original de
Sophocle. Avec sans doute beaucoup d'esthétique
R.Catsellucci fait coïncider une
fois de plus l'image d’Oedipe
avec celle de Jésus. De nombreux symbolismes sont utilisés, libres
à l'interprétation du spectateur qui reste certainement avec
beaucoup d'interrogations... D'autant plus pour ceux placés en haut
des gradins car la lecture de l'image et des surtitres devient assez
difficile, au point où nous ne voyons presque pas celui qui parle.
Objectivement, projeter des lettres blanches sur un fond blanc qui
domine pendant les
deux tiers de la pièce
est soit une faute, soit l'intention de perturber la
lecture.
Malgré
l'esthétique raffinée, un effet
écran créé par un tissu
filtre la première partie du
spectacle, qui
est aussi la plus sombre, et la rend
très fatigante. La scénographie de cette même partie, beaucoup
trop imposante, ne trouve pas non plus son sens.
Enfin,
ni pendant, ni après ce spectacle, il ne me semble avoir
compris ou senti quelque chose de plus concernant cette grande œuvre
classique. Une grande production qui créé des symbolismes et
interagit uniquement avec la curiosité de spectateurs les plus
spécialisés
La seconde
pièce cherche à interagir avec la sensibilité des spectateur, de
plus suite à un incident qui l'a beaucoup fragilisé. Car Le
Metope del Partenone, représentée
à la grande Halle de la Villette du 23 au 29 novembre, l'a été
quelques jours seulement après les attentats de Paris, et elle agit
comme une reprise de cette tragédie éprouvante.
Nous
ne sommes pas nombreux dans la grande Halle de la Villette et nous
nous sentons tellement
petits...dans l'espace mais aussi face aux événements.
Comme
dans un tournage la scène est mise en place devant le public, et
ce dernier
devient d'ores et déjà la scénographie vivante de la pièce. Les
spectateurs, comme dans
une scène de
rue forment un cercle autour
d'une
personne et alors
l'action commence. Le
public se trouve interloqué face
aux événements, puis la scénographie change lorsqu'une
ambulance accélère à toutes trombes vers lui.
Six
scènes, et par six fois les premiers soins ne sont pas suffisamment
efficaces pour
éviter la
mort. Malgré
l’évidence des astuces théâtrales ces
scènes ne peuvent pas être confrontées
avec sang froid. Elles sont chacune suivit d'une énigme très
poétique.
Chercher ou non le rapport
que tout cela peut avoir avec les Métopes du Parthenon est propre à
chacun, mais il est certain qu'au fond nous
pouvons presque tous le
sentir.