30.12.15

Castellucciassi!

Automne de Castellucci à Paris

Je crois que cet automne à Paris il aura été difficile de ne pas entendre ne serais-ce que le nom de cet artiste : Romeo Castellucci, qui ne s'adresse pas vraiment à tout public. Je peux compter au moins quatre spectacles dont un opéra passés dans de grandes salles parisiennes, ainsi que quelques conférences données aux Beaux-Arts de Paris et à la Sorbonne.
Il est alors tellement difficile d'en parler, quand le monde universitaire, académique et artistique consacre des journées entières pour analyser ses œuvres, alors que – mon Dieu – cet artiste est encore vivant!
J'ai personnellement eu l'occasion d’assister à deux des spectacles à Paris cet automne : Odipus der Tyrann et Le Metope del Partenone, deux créations de l’année 2015.


La première, Odipus der Tyrann, en allemand surtitré en français, a été représentée au Théâtre de la Ville en novembre, il s'agit du texte de Friedrich Holderlin d’après l'original de Sophocle. Avec sans doute beaucoup d'esthétique R.Catsellucci fait coïncider une fois de plus l'image d’Oedipe avec celle de Jésus. De nombreux symbolismes sont utilisés, libres à l'interprétation du spectateur qui reste certainement avec beaucoup d'interrogations... D'autant plus pour ceux placés en haut des gradins car la lecture de l'image et des surtitres devient assez difficile, au point où nous ne voyons presque pas celui qui parle. Objectivement, projeter des lettres blanches sur un fond blanc qui domine pendant les deux tiers de la pièce est soit une faute, soit l'intention de perturber la lecture.

Malgré l'esthétique raffinée, un effet écran créé par un tissu filtre la première partie du spectacle, qui est aussi la plus sombre, et la rend très fatigante. La scénographie de cette même partie, beaucoup trop imposante, ne trouve pas non plus son sens.
Enfin, ni pendant, ni après ce spectacle, il ne me semble avoir compris ou senti quelque chose de plus concernant cette grande œuvre classique. Une grande production qui créé des symbolismes et interagit uniquement avec la curiosité de spectateurs les plus spécialisés


La seconde pièce cherche à interagir avec la sensibilité des spectateur, de plus suite à un incident qui l'a beaucoup fragilisé. Car Le Metope del Partenone, représentée à la grande Halle de la Villette du 23 au 29 novembre, l'a été quelques jours seulement après les attentats de Paris, et elle agit comme une reprise de cette tragédie éprouvante.
Nous ne sommes pas nombreux dans la grande Halle de la Villette et nous nous sentons tellement petits...dans l'espace mais aussi face aux événements.

Comme dans un tournage la scène est mise en place devant le public, et ce dernier devient d'ores et déjà la scénographie vivante de la pièce. Les spectateurs, comme dans une scène de rue forment un cercle autour d'une personne et alors l'action commence. Le public se trouve interloqué face aux événements, puis la scénographie change lorsqu'une ambulance accélère à toutes trombes vers lui.

Six scènes, et par six fois les premiers soins ne sont pas suffisamment efficaces pour éviter la mort. Malgré l’évidence des astuces théâtrales ces scènes ne peuvent pas être confrontées avec sang froid. Elles sont chacune suivit d'une énigme très poétique.

Chercher ou non le rapport que tout cela peut avoir avec les Métopes du Parthenon est propre à chacun, mais il est certain qu'au fond nous pouvons presque tous le sentir.